Réalisé par le regretté Remo Forlani, écrivain, scénariste et génial critique de cinéma, qui tentait alors son premier passage derrière la caméra, le film Juliette et Juliette n’a pas été encensé par la presse lors de sa sortie le 22 février 1974. Malgré un casting plutôt alléchant – Marlène Jobert, Annie Girardot, Pierre Richard -, le film rassemblera à peine 800 000 spectateurs et s’effondra après deux semaines de projection. Le trio de stars n’aura pas suffi à sauver l’œuvre hésitante et un brin ennuyeuse de Forlani qui reconnaîtra d’ailleurs lui-même son échec plus tard.
Boxe et féminisme
L’histoire ? Juliette Vidal (Annie Girardot), une journaliste dans un magazine de mode, fait un reportage sur un concours de beauté. Elle y rencontre Juliette Rosennec (Marlène Jobert), la gagnante, une petite vendeuse qui vit avec un boxeur raté. Leurs premières entrevues sont plutôt tendues, mais quand elles se rendent compte qu’elles ont toutes les deux perdu leur emploi, elles deviennent amies. Révoltées par leur condition, elles décident de lancer un magazine qui s’appelle “Femmes en colère”. Le succès est foudroyant. La participation et les abonnements pleuvent, les problèmes aussi…
Gestuelle comique
Dans cet extrait (voir ci-dessous nos images filmées sur TV), gentiment fourni par mon amie Yasmine Hamani, la fille de notre légendaire Loulou, l’ex-poids moyen de Choisy-le-Roi envoie plusieurs fois au tapis (ou dans les cordes) l’inégalable Pierre Richard dont la gestuelle comique fait son effet. Appliqué, concentré, précis, Loucif Hamani exécute une chorégraphie parfaitement millimétrée avec l’équipe de tournage. Dans le coin de notre champion, en arrière-plan, on aperçoit quelques secondes l’incorrigible Gérard Teissonnières, qui s’agite serviette sur l’épaule…
Entre Johnny et Delon
Pour lui, cette expérience cinématographique aura été une belle aventure ! Je me souviens qu’il l’évoquait comme un joyeux souvenir. Hamani lui-même riait aux éclats lorsque Gérard lui rappelait son face-à-face inattendu avec le grand blond à l’œil au beurre noir… Plus sérieusement, je suis convaincu que Loucif aurait pu se reconvertir avec succès dans le cinéma. Il avait une gueule, une présence et un magnétisme qui se seraient imprimés avec bonheur sur la pellicule. Quelque chose d’indéfinissable, entre Johnny et Delon. Deux de ses plus fidèles admirateurs qui s’installaient toujours au premier rang à chacune de ses sorties parisiennes. Sur le ring, la vedette, c’était Loucif Hamani.
Nasser Negrouche
Loucif Hamani vs Pierre Richard